L’entreprise Jenniver, implantée dans la Vallée de la Bresle, va se retrouver en liquidation judiciaire.
Cela fait plus d’un an que la direction parle de « difficultés liées aux différentes crises et au COVID ». Mais du côté de la CGT, notre lecture est tout autre : le couple de dirigeants avait racheté une supérette dans le Sud et vendu sa maison l’an dernier, des choix qui en disaient long sur la santé réelle de l’entreprise et sur leur confiance dans l’avenir de Jenniver.
Lors des élections professionnelles, nous avions tracté et proposé la création d’une liste CGT. Nous avions déjà alerté sur la situation préoccupante de la société et rappelé l’importance du droit d’alerte économique, outil essentiel pour éviter d’en arriver là. À l’époque, nos avertissements sont restés lettre morte. Seule une liste CFDT avait été retenue, privant les salarié·es d’une représentation syndicale combative et vigilante. Un an plus tard, les faits nous donnent tristement raison. Aucune réaction, aucun signal d’alerte n’a été lancé par la CFDT alors que la situation se dégradait à vue d’œil.
C’est finalement Sébastien Jumel, ancien député PCF de Seine-Maritime, qui a eu écho de la liquidation judiciaire et l’a évoquée publiquement lors des prises de parole à Dieppe et Eu, pendant la manifestation du 2 octobre. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe. Une salariée a contacté un élu CFDT de Jenniver, puis directement la gérante, qui lui a confirmé la liquidation, tout en regrettant que l’information ait été rendue publique avant qu’elle ne le fasse elle-même. En réaction, les salarié·es, choqué·es et écœuré·es, ont exercé leur droit de retrait dès le vendredi 3 octobre.
Hier, la direction s’est déplacée sur le site, promettant de verser 80 % des salaires, laissant les salarié·es dans l’incertitude pour le reste. Face à cette situation inacceptable, les élu·es du territoire, Sébastien Jumel (ancien maire de Dieppe), Laurent Jacques (maire du Tréport) et Jean-Pierre Trolet (maire de Longroy), accompagnés de l’Union Locale CGT de Eu / Le Tréport / Vallée de la Bresle, se sont rendus auprès des salarié·es pour les soutenir et les conseiller dans les démarches à venir.
Un courrier sera adressé au Préfet de la Seine-Maritime pour demander la tenue d’une table ronde réunissant l’ensemble des acteurs : élus locaux, représentants CFDT de Verescence/Jenniver, CGT Verescence et Union Locale CGT de Eu / Le Tréport / Vallée de la Bresle.
La Fédération CGT Verre & Céramique tient à saluer la dignité et la détermination des salarié·es de Jenniver. Nous refusons qu’ils soient abandonnés après des mois d’alertes ignorées et de silences coupables. La transparence doit être faite sur la gestion de l’entreprise, et toutes les solutions possibles doivent être étudiées pour préserver l’emploi et les savoir-faire dans la Vallée de la Bresle.
Parce que quand les patrons se sauvent, ce sont toujours les salarié·es qui paient la note. Et ça, la CGT ne le laissera jamais passer.