Lecornu s’en va, les problèmes restent

La démission de Sébastien Lecornu, à peine quelques semaines après sa nomination, illustre jusqu’à la caricature la crise politique dans laquelle s’enfonce le pays. En moins de trois ans, la France a connu une succession de Premiers ministres — Élisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier, François Bayrou, puis maintenant Sébastien Lecornu — sans qu’aucun ne parvienne à établir une ligne claire, encore moins à répondre aux attentes exprimées par les Français.

Depuis les élections législatives de 2024, les majorités se font et se défont dans les couloirs du pouvoir, sans cohérence, sans stabilité, sans prise sur la réalité sociale du pays.

Pendant que les gouvernements se succèdent, les travailleurs, eux, continuent de subir. Les salaires stagnent, les services publics s’effondrent, les emplois industriels disparaissent, et les politiques menées restent dictées par la même logique d’austérité. Ce n’est pas le départ d’un homme, fût-il Premier ministre, qui changera quoi que ce soit à cette situation. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une orientation politique claire, construite sur le respect du vote des Français, sur la justice sociale et fiscale, et sur la défense du travail et des savoir-faire.

De notre point de vue, cette instabilité permanente est intenable. Elle mine la démocratie autant qu’elle bloque toute perspective pour le monde du travail. Comment négocier, construire, planifier quoi que ce soit, quand chaque gouvernement s’effondre avant même d’avoir commencé à agir ? La Fédération sait ce que produit cette impréparation politique : des usines laissées sans vision industrielle, des conventions collectives bloquées, des investissements reportés, des salariés dans l’attente. L’État n’assume plus son rôle de garant du long terme, et les travailleurs paient les pots cassés.

Nous demandons que soit enfin respecté le vote des Français aux dernières élections législatives. Les citoyens se sont exprimés, massivement, pour rejeter la politique menée depuis des années. Ce message doit être entendu. Il ne s’agit pas de jouer à la valse des Premiers ministres, mais de redonner un cap au pays : revaloriser le travail, reconstruire les services publics, planifier une transition industrielle fondée sur les savoir-faire, et redonner à celles et ceux qui produisent les moyens de décider de leur avenir.

La démission de Lecornu n’est pas un incident isolé : c’est le symptôme d’un pouvoir à bout de souffle, déconnecté des réalités sociales, incapable de gouverner autrement que par le haut. Nous réaffirmons que la stabilité politique ne se décrète pas ; elle se construit sur la confiance populaire, sur la reconnaissance du monde du travail, et sur le respect des choix démocratiques. Tant que ces principes ne seront pas remis au cœur de l’action publique, les gouvernements continueront de tomber et la colère, elle, continuera de monter.

Après les mobilisations du 18 septembre et du 2 octobre, restons vigilants et prêts à réagir. Nous vous tiendrons informés des suites et des actions à venir : notre détermination, elle, ne démissionnera pas.

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