L’histoire du Verre

La technique du verre est apparue au Proche-Orient, autour du IIIe millénaire av. JC. Les objets en verre les plus anciens sont généralement des perles ou des amulettes, les récipients creux n’apparaissant pas avant 1 500 av. JC environ.

Les origines :

La technique du verre est apparue au Proche-Orient, autour du IIIe millénaire av. JC. Les objets en verre les plus anciens sont généralement des perles ou des amulettes, les récipients creux n’apparaissant pas avant 1 500 av. JC environ. Des artisans d’Asie auraient établi l’industrie verrière en Egypte, où les premières pièces dateraient du règne de Touthmôsis III (1504-1450 av. JC)

Avant l’invention de la canne à souffler, il existait différentes méthodes pour fabriquer et pour embellir des objets en verre de couleur. Certains articles étaient ciselés dans des blocs de verre solide ; sur le modèle des potiers et des ferronniers, les verriers adaptèrent des procédés de moulage, versant du verre fondu dans des moules pour produire des incrustations, des statuettes et des récipients. Des motifs d’une grande complexité étaient réalisés grâce à la technique de la mosaïque, dans laquelle des éléments, fusionnés dans une canne, constituaient un dessin en coupe transversale.

 

Le Verre en Orient :

Le Monde Islamique

La tradition du verre ciselé typique de l’époque sassanide fut poursuivie par les artisans musulmans qui fabriquaient des récipients coupés en haut relief dont la plupart représentaient des sujets animaliers ou floraux. On produisit également du verre incolore aux motifs gravés à la roue. Les possibilités en matière de décoration furent étendues grâce à l’introduction de colorations émaillées cuites et de dorures, technique venues d’Egypte et pour lesquelles étaient célèbres les verreries de Damas. Des lampes de mosquées, des jattes, des gobelets et des bouteilles étaient décorés de motifs géométriques. Leurs formes et leurs décors influencèrent plus tard la production occidentale, particulièrement celle de Venise.

L’Extrême-Orient

En Chine, les premiers objets en verre, souvent fondus à partir de pains de verre préformés importés étaient petits et ciselés, afin d’imiter les pierres dures comme le jade ou le corail. L’utilisation du verre pour rehausser les pierres semi-précieuses de la bijouterie et, plus tard, des flacons à priser est un thème récurrent dans le verre chinois. On ne connaît que peu de récipients en verre avant la construction de la verrerie du palais impérial de Pékin en 1680. Sous l’influence des jésuites à la cour de Pékin, des récipients de verre coupés au camé. Les récipients de verre chinois, aux parois généralement épaisses sont caractérisés par des formes simples, gravées à la roue, inspirées de la porcelaine. Au XXe siècle, ils influencèrent notamment Emile Gallé.

 

L’époque pré romaine :

La majorité des verres de l’époque pré romaine était réalisé selon une technique relativement simple. Un mélange d’argile et de fumier était attaché à une baguette en métal, puis plongé dans un creuset de verre fondu ou enroulé avec des fils de verre. L’objet était constamment réchauffé et adouci sur une pierre plate. Les fils de verre de différentes couleurs étaient étirés et peignés, créant de remarquables motifs de plume, comme on le voit dans les verres égyptiens des XVIIIe et XIXe dynasties (1567-1200 av. JC). Les anses, les pieds et le col étaient ajoutés avant le refroidissement de l’objet.

Les égyptiens furent sans nul doute les premiers artisans du verre. Ils firent preuve d’une grande originalité dans les nombreux et divers objets qu’ils créèrent. Ils élaborèrent des vases aux formes et aux couleurs variées, dont la réalisation nécessitait une grande dextérité.

Les fouilles de Tell el-Amana ont livré un riche matériel verrier datant de la XVIIIe dynastie (1567-1320 av. JC). Les pièces majeures de cet ensemble sont un vase en forme de poisson, dont les écailles sont reproduites par des zébrures et par des festons de couleurs, et une grappe de raisin constituée de perles, dont certaines prennent la forme de grains blets.

Des vases canopes, en forme de tête de femme portant une perruque, ont exigé deux moulages successifs parfaitement ajustés. Parmi les nombreux autres objets figurent des gourdes lenticulaires, des pièces de jeu, des étuis à collyre, des flacons de parfum, ou encore de très nombreux bijoux (boucles d’oreilles, amulettes et pendeloques).

La production de verre fut florissante en Egypte et en Mésopotamie jusqu’à 1200 av. JC environ, puis, elle se tarit pendant plusieurs décennies. Au IXe siècle av. JC, la Syrie et la Mésopotamie émergèrent comme centres de production verrière et l’industrie s’étendit à tout le pourtour de la Méditerranée.

 

L’époque romaine :

En découvrant le soufflage, les romains révolutionnèrent l’art du verre. Cette technique de fabrication, plus rapide et moins onéreuse, vit le jour en Syrie et se répandit dans tout l’Empire romain, remplaçant petit à petit les techniques précédentes. Un nouvel engouement pour la verrerie apparu. Les procédés de fabrication plus anciens accordaient de l’important à la couleur et au motif, alors que le soufflage soulignait les qualités de finesse et de transparence du matériau. A la fin du 1er siècle av. JC, le verre incolore supplanta le verre coloré. Le soufflage du verre rendit possible la production à grande échelle, et le verre devint un matériau plus courant, utilisé également pour les fenêtres et pour les récipients.

On doit aussi aux Romains l’invention de la plupart des techniques décoratives connues. Les articles en verre soufflé étaient modelés dans des moules qui permettaient une production en grande quantité et des formes très nombreuses. Réalisés suivant cette technique, de petits bols fantaisistes portent la signature d’Ennion, un maitre-verrier de Sidon, actif au 1er siècle av. JC.

Nombre d’objets en verre étaient décorés de scènes religieuses ou historiques. Certains étaient parfois ornés de motifs de feuilles d’or pressées entre deux épaisseurs de verre transparent. Cette technique pouvait se prêter à des rendus extrêmement raffinés, comme le montre le portrait d’homme à fond bleu du IIe siècle av. JC conservé au musée d’Arezzo.

Dans le verre camé, des couches de verre de diverses couleurs étaient fusionnées, puis ciselées de façon à laisser en relief des motifs contrastés. La pièce la plus célèbre du verre camé romain est le vase de Portland (Ier siècle av. JC, British Muséum, Londres), qui représente le mythe de Pélée et Thétis.

Le goût de la polychromie fut très vif en Orient. En Syrie, on appliquait avec habileté des cordons de verre filé sur des vases à parfum. En Egypte, dès le IIIe siècle av. JC, on fabriqua des verres mosaïques, puis des objets millefiori (mille fleurs), dans lesquels étaient incrustées des baguettes polychromes ornées de motifs. Les artisans orientaux vinrent pratiquer et enseigner leur art en Occident.

Outre Rome, les centres de production les plus importants se trouvaient en Gaule et en Rhénanie. A Cologne, qui fut l’un des foyers les plus actifs, on a retrouvé des verres diatrètes, où certaines parties de la surface externe sont ajourées (coupe lycurgue, IVe siècle av. JC, British Muséum). Certaines inventions locales n’étaient pas dépourvues de charme, ainsi, les vases barillets signés par le verrier normand Frontinus rappellent que les Gaulois sont les inventeurs des tonneaux (IIIe siècle av. JC).

 

Le Moyen-âge :

La fabrication de verre domestique connu un déclin général en Occident avec la chute de l’Empire romain. Sous l’influence des Francs, les verriers d’Europe du Nord et de la Bretagne continuèrent à produire des récipients utilitaires. Avec la christianisation, le verre servit de plus en plus aux usages liturgiques, comme les calices (calice à deux anses d’Amiens en verre bleu, Ve siècle, British Muséum) ou les pièces offertes à l’occasion des sacrements du baptême et du mariage. A Cologne, où les verres à fond d’or continuaient d’être produits, les sujets chrétiens succédèrent progressivement aux portraits à partir du IVe siècle.

La plupart des objets étaient de couleur verte. La décoration était limitée à des motifs moulés simples, au filetage et à des plaques imitant les pierres précieuses. Les verres gravés présentent une facture assez malhabile. La difficulté des échanges les privant fréquemment de la soude importée d’Orient, les verriers du Nord se tournèrent vers la cendre de bois, réalisant un verre à base de potasse et combustible et des cendres. Seuls les verriers installés dans les régions méridionales composaient un mélange à base de soude obtenue à partir de cendre de plantes aquatiques importées de la Méditerranée, comme cela avait été le cas à l’époque romaine.

L’art du verre connu à partir du Xe siècle une véritable renaissance. Les verres soufflés étaient fréquents, comme en témoigne la bouteille à long col conservée au musée de Bordeaux. Dès 980 la présence à Venise de Phiolarii, fabricant de verre creux, de fioles et de flacons, est attestée. Ils se concentrèrent sur l’Ile de Murano pour éviter la propagation des incendies.

La verrerie pouvait servir à des usages spécifiques, tels que les lampes (v. 1040, musée Saint-Jean Angers) ou la médecine, mais aussi la gobeleterie, dont le moine allemand Théophile fit une spécialité française. On conserve de l’époque gothique quelques élégants exemples de gobeleterie, comme un pot et une coupe décorés de godrons (XVe siècle, musée des Arts Décoratifs, Paris). En Allemagne, on fabriquait des objets aux formes non dénuées d’originalité, des gobelets en trognons de chou, dont la surface est ornée de pastilles qui facilitent la prise en mains, ou encore des bouteilles à cols multiples et recourbés, les kuttrolf.

Toutefois, les réalisations les lus notables de la verrerie occidentale à l’époque médiévale furent les vitraux au nord et le verre de mosaïque dans l’Empire byzantin. Les mosaïques byzantines étaient issues de la mosaïque hellénistique et romaine. Elles étaient principalement faites de petits cubes de verre, ou tesselles, scellés dans du mortier. Les tesselles, découpées dans des blocs de verre solide, pouvaient être extrêmement complexes, avec des incrustations d’or et d’argent plombé. Les fenestrages dans les églises apparurent dès le VIe siècles, mais les exemples les plus anciens ayant subsistés datent du Xe siècle. Le verre était coloré, puis découpé dans les formes exigées par le dessin. Des détails étaient peints dans le verre, souvent à l’aide d’un émail brun. Les pièces étaient ajustées dans des bandes de plomb et placées dans un châssis en métal. Cet art déclina à la fin de la Renaissance mais connu un renouveau au XIXe siècle.

 

De la Renaissance au XVIIIe siècle :

A partir du XVe siècle, la verrerie de Murano connu un succès considérable, et elle domina le marché européen jusqu’au début du XVIIIe siècle. La contribution principale des Vénitiens fut le développement d’un verre extrêmement raffiné, en sodium dur d’une grande ductilité. Incolore et très transparent, ce verre ressemblait à du cristal de roche et était connu sous le nom de cristallo. Les premiers cristallo étaient de forme simple, souvent embellis de motifs émaillés semblables à des bijoux.

Des objets étaient également soufflés dans du verre coloré et opaque. A partir du XVI siècle, les formes devinrent plus légères et plus délicates. Un type de verre en filigrane fut développé à Venise et largement imité. Avec des effets semblables à de la dentelle, des fils blancs opaques étaient incorporés dans le verre et travaillés en motifs complexes. Certains récipients de verre blanc opaque étaient entièrement soufflés et peints avec des émaux à la manière de la porcelaine chinoise.

Des œuvres exécutées avec du verre travaillé à la lampe furent créées à Murano, tandis que la ville de Nevers acquit une grande renommée pour ce type d’articles au XVIIe siècle. La technique de la gravure à pointe de dimant était particulièrement adaptée au verre à base de soude. Les fabricants de verre à travers l’Europe essayèrent de copier les Vénitiens dans leurs méthodes de production, leurs matériaux et leurs décorations. Bien qu’il leur fut interdit par la loi de quitter Venise et de divulguer les secrets de leur artisanat, de nombreux verriers de Murano s’exilèrent et installèrent des verreries dans tout l’Europe, chaque pays développa alors sa propre « façon vénitienne ».

Le verre allemand, à base de chaux et de potassium, plus épais et plus dur que le cristallo, était particulièrement bien adapté à une décoration de gravure à la roue. Caspar Lehmann, à la cour de Rodolphe II à Prague, fut l’instigateur du développement de la gravure au début des années 1600. Les coupeurs de verre et les graveurs de Nuremberg et de Potsdam devinrent célèbres pour leurs dessins exécutés dans le style baroque. En même temps, les verreries allemandes poursuivirent la tradition du verre émaillé et peint à froid.

La seconde découverte ayant permis de réduire la dépendance de l’Europe à l’égard de Venise fut le verre à l’oxyde de plomb, inventé en Angleterre par George Ravenscroff vers 1676. Plus doux, plus brillant et plus durable que le cristallo, le verre à plomb anglais, ou cristal, était considéré comme le verre le plus fin au XVIIIe siècle. Le verre de table anglais domina les marchés européens et coloniaux et devint un modèle pour la production continentale. En dépit de l’interdit anglais, l’industrie verrière s’implanta aux Etats-Unis à partir de 1708. Caspar Wistar et Paul Moulieg dans le New Jersey, ainsi que des artisans allemands émigrés, assurèrent son développement, qui fut important après l’indépendance.

La France possédait au XVIIe siècle de grands centres de verrerie en creux à Nevers, à Orléans, à Nantes, à Paris et en Normandie. Nevers fut particulièrement renommée pour sa fabrication de figurines de fantaisie en verre filé et émaillé ou en patte de verre.

A Orléans, le Français d’origine italienne Bernard Perrot fut l’inventeur d’un procédé de fabrication des glaces par coulage sur des tables planes ou creuses. Enthousiasmé par cette innovation, que Perrot présenta le 2 avril 1687 à l’Académie des Sciences, Colbert fonda la Manufacture Royale des Glaces en 1691 pour exploiter sa technique. Cette création faisait suite à la découverte du secret vénitien de fabrication du verre plat, qui avait permis à un atelier du faubourg Saint-Antoine de réaliser la fameuse galerie des glaces à Versailles (1678-1683).

Au court du XVIIIe siècle, la gobeleterie se diversifia considérablement, particulièrement en ce qui concerne le verre à boire, Saint Quirin, en Moselle, en assura à l’époque la production la plus considérable d’Europe.

 

Les XIXe et XXe siècles :

L’histoire des styles de verre aux XIXe et XXe siècles se caractérise par des progrès technologiques rapides et par la redécouverte et l’adaptation de méthodes plus anciennes.

L’une des inventions les plus marquantes du XIXe siècle fut le pressage mécanique. Cette technique autorisa une production rapide et bon marché, qui accrut de manière considérable le rôle du verre à usage industriel et domestique. Jusqu’alors, on imprimait des dessins compliqués, ressemblants à de la dentelle, afin de compenser l’aspect trouble du verre qui était causé par le contact avec un moule plus froid. Des motifs plus simples virent le jour à partir des années 1840. Le verre coupé, plus onéreux, se démoda en raison de la concurrence du verre pressé ; ce n’est que vers 1880 qu’il regagna une partie de sa popularité d’antan, avec ses motifs brillants et complexes, traduisant une virtuosité technique qui exploitait les propriétés réactives du verre de qualité.

En France, Saint-Louis (qui exploita la technique du cristal à la veille de la Révolution Française) et la verrerie de la Reine (installée à Saint-Cloud, puis au Creusot) furent les deux principaux centres verriers de la période néoclassique. Ils fabriquaient des verres façon Bohême, c’est-à-dire du cristal à la potasse. Le verre de Bohême était alors particulièrement prisé en Europe.

On appréciait également le cristal taillé à facettes qui s’accommodait de camées et de formes antiquisantes, dans le goût néoclassique alors en vigueur. Pour cette même raison, un certain nombre de techniques romaines furent réutilisées. Les usines de verre mirent au point une version du verre feuilleté à feuille d’orée, appelé en Allemagne Zwischengoldglas. Des effets semblables à ceux du camée furent réalisés avec des incrustations de sulfure, de la gravure au camée ainsi que de la coupe furent pratiquées par les artisans dès le milieu du XIXe siècle, atteignant leur apogée avec l’œuvre de Thomas Webb (verrerie fondé en 1837), à Stourbridge, en Grande-Bretagne. Les presse-papiers étaient souvent faits en millefiori rappelant le verre mosaïque si courant durant l’antiquité. Le cristal de roche de la Renaissance inspira une technique de verre gravé poli à la fin du XIXe siècle.

La Bohême continua à exceller dans la décoration gravée à la roue avec le travail d’artisans comme Dominik Biermann. D’autres méthodes, tel le verre orné, furent pratiquées dans les usines de Bohême et copiées à travers l’Europe et les Etats-Unis. Des émaux transparents et des pastilles furent appliqués aux récipients, suivant le renouveau parallèle des vitraux.

Entre 1890 et 1910, l’art nouveau s’imposa dans les pays occidentaux. Louis Comfort Tiffany aux Etats-Unis, Emile Gallé et la société des frères Daum (fondée en 1889) en France furent les principaux artisans de ce style. Ils produisirent des verres de formes naturalistes, aux lignes sinueuses, aux couleurs exotiques et aux effets de surface inhabituels.

Après la Première Guerre Mondiale, un regain d’intérêt pour une texture plus simple et pour une décoration plus géométrique vit le jour, ainsi qu’en témoignent les œuvres de René Lalique et de Maurice Marinot. Au début des années 1930, du verre à plomb extrêmement clair, incolore et souvent gravé fut popularisé par plusieurs sociétés scandinaves et américaines.

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